News
Portrait d'Agathe LEROUX (HEI 2018)
- BONJOUR, peux-tu te présenter brièvement ?
Agathe LEROUX, j’ai 28 ans, je viens de région parisienne, ces quatre dernières années j’ai habité à Dakar et d’ici quelques semaines je pars habiter en Afrique du SUD. Je suis ingénieure en PCE , Procédés Chimie et Environnement, (mais il me semble que cette spécialité ne s’appelle plus comme ça maintenant) et je me suis spécialisée dans la gestion des ressources naturelles et gouvernance locale.
- Nous allons faire un tour dans le passé, peux-tu revenir sur ton parcours universitaire : formation, spécialité, vie associative, projets, stage ?
J’ai fait un bac S puis j’ai rejoint HEI dès la première année en prépa, j’avais choisi la spécialité physique. Je ne savais pas exactement ce que je souhaitais faire, j’étais très intéressée par la protection de l’environnement. C’est suite à une discussion avec Monsieur LEGHIE que j’ai finalement décidé de me spécialiser en PCE. J’ai réalisé un Erasmus de 6 mois en Allemagne durant ma 5ème année, j’ai suivi des cours autour de la gestion de l’eau, traitement des eaux et protection de l’environnement. Et forcément, tous mes cours étaient en allemand.
En termes de stage, j’ai fait mon premier stage ouvrier classique sur un chantier. C’était une expérience un peu atypique, car c’est un milieu que je ne connaissais pas et très masculin, ce qui n’est pas forcément évident lorsqu’on est une jeune femme de 18 ans.
En cycle ingénieur, j’ai réalisé un stage de 3 mois chez Veolia Recherche et Innovation Eau, sur un projet visant l’amélioration du traitement des eaux usées. J’ai par la suite effectué mon stage de fin d’étude chez Danone Water à Évian en tant que coordinatrice d'un projet de « Food Safety et Food Security ». Le but était de voir comment protéger les ressources d’eaux du groupe face aux pollutions volontaires ou involontaires.
Concernant la vie à l’école et les associations, j’ai listé lors de ma première année, deuxième année on a été élue BDE (HEI JACKER) et pour ma troisième année j’ai rejoint le cap solidaire. En parallèle je faisais aussi partie de l’association d’aviron, nous avons organisé plusieurs compétitions universitaires.
- Quel est le meilleur souvenir de tes études chez JUNIA (HEI, ISA et ISEN Lille) ?
Mon meilleur souvenir, ce sont les listes BDE. La vie associative à HEI est incroyable. En discutant avec des amis d'autres écoles, on se rend compte que nous avons eu de la chance car il y toutes sortes d'associations possibles et inimaginables. Chacun y trouve son compte, chacun se crée sa propre bulle, c'est assez inclusif pour tout le monde.
- Pendant tes études, savais-tu déjà ce que tu voulais faire et quel poste tu visais ?
Je n'avais aucune idée, et même maintenant, je n'ai pas de poste clairement défini. Car j’ai fait le choix de choisir un domaine et un thématique plus qu’un poste précis.
- Quel a été ton parcours depuis l’obtention de ton diplôme ?
À l'obtention de mon diplôme, j'ai d'abord prolongé mon stage de fin d’études chez Danone via un CDD de 6 mois. Par la suite, j’ai décidé de partir au Sénégal, à Dakar sans travail car je souhaitais sortir de ma zone de confort et vivre de nouvelles expériences. Mais avant de partir, j'avais tout de même trouvé un bénévolat car je souhaitais m’investir dès mon arrivée, j’ai trouvé au sein d'une ONG, pour les aider sur leur accès à l’eau potable.
Peu de temps après mon arrivée (1 ou 2 mois), j’ai trouvé une mission de VIE. J'ai débuté en consultance en raison du contexte de la pandémie de COVID, mais j'ai poursuivi avec un VIE de deux ans. Ce VIE était pour un bureau d'études français, la CACG, spécialisée dans la gestion de l'eau en milieu rural. Je représentais l'entreprise au Sénégal et je faisais aussi de la gestion de projets.
Ensuite, j'ai enchainé avec un contrat d'un an au sein d'une entreprise américaine - sénégalaise, myAgro. C’est une entreprise sociale qui se consacre à l'autonomisation des petits exploitants agricoles, en particulier des femmes, afin de réduire la pauvreté et d'accroître la sécurité alimentaire.
- Quelles sont les missions principales dans ton métier ?
Ma dernière mission s’est, donc, déroulée au sein de myAgro, une entreprise qui accompagne les agriculteurs dans la gestion de leur revenu et qui propose un accès à des meilleurs semences et engrais ainsi que des formation agricole.
J’ai occupé un poste de spécial programme associée. J’ai fait la gestion d’un projet ayant comme objectif de sensibiliser les agriculteurs aux offres de myAgro, de les inciter à rejoindre notre programme, et ainsi, pour l’entreprise, d’augmenter ses clients/bénéficiaires. Mon rôle s’est avéré très transverse, il consistait à superviser le déploiement national du projet, ce qui englobait, faire le lien entre l’équipe globale et locale, la gestion du personnel de terrain, l'analyse des données, la mise en œuvre de la formation ou encore la communication interne et aux donors. Mais le plus important était de s’assurer que chaque équipe soit informée des nouvelles méthodes et de la nouvelle approche, et qu'elles soient correctement formées.
En parallèle, j'ai également co-créé un projet avec la Surfrider Foundation Sénégal sur la qualité de l'eau de mer à Dakar. Nous avons réussi à obtenir un financement de l'ambassade de France et du Portugal. L’objectif est de mettre en place un suivi de la qualité de l’eau des zones récréatives à fort enjeux de Dakar afin de garantir aux populations un usage sans risque pour leur santé et pour l'environnement. Le projet a commencé en juin 2023, étant en France, je continue le suivi à distance.
Je suis actuellement en période de battement, car avec mon mari (ancien Heiein lui aussi) nous partons bientôt en Afrique du Sud dans le cadre de son travail.
- En quoi le réseau (école, association des diplômés, famille, professionnel) a-t-il joué dans le développement de ta carrière ?
Oui, forcément, le réseau joue un rôle, car on est influencé par son milieu et les gens que l’on rencontre. Lorsqu’on a la chance de rencontrer des personnes ouvertes, bienveillantes et qui partagent leurs expériences et leurs conseils, il faut savoir saisir cette opportunité car on peut découvrir des perspectives différentes. Cependant il ne faut pas se laisser convaincre et oublier ses propres envies.
Personnellement, c’est grâce à du réseau familiale que j’ai réussi à trouver mes deux premiers stages et j’en suis reconnaissante.
A l’étranger, j’ai constaté qu’appartenir à un réseau comme par exemple celui d’HEI, ça créait un lien et une entraide immédiate.
Parfois, des étudiants me contactent sur LinkedIn ou mail avec différentes questions notamment car je suis dans le réseau Alumni et je suis ravie de pouvoir répondre à leurs interrogations du moins j’essaye. C’est quelque chose que j’ai moi-même fait et que je continue à faire pour avoir des retours d’expériences ou lors de mes recherches de stages et d’emploi. Si je peux rendre la pareille, je le fais volontiers.
- En tant que femme ingénieure évoluant dans un milieu professionnel souvent considéré et stéréotype masculin, aurais-tu un conseil à donner aux étudiantes actuelles qui envisagent une carrière similaire ?
Je dirais qu’il ne faut surtout pas avoir peur de s’affirmer, c’est triste à dire, mais souvent en tant que femme milieu professionnel souvent considéré et stéréotype masculin, il faut savoir être ferme pour se faire entendre/respecter.
Au début, ce n’est pas évident et on peut avoir peur ou ne pas savoir comment faire mais on finit par y arriver et surtout pas s’y habituer. Il ne faut pas hésiter à se battre pour se faire entendre au même titre qu’un homme. Il faut avoir confiance en soi. Si nous en sommes arrivées là, ce n’est pas par hasard, nous sommes aussi légitimes que n'importe qui.
Dans mon stage ouvrir, l’environnement était très masculin, mais le reste de mes expériences étaient plutôt mixte. Par exemple, à Dakar, travailler en étant une jeune femme dans un pays où ce sont principalement les hommes qui travaillent et qui sont respectés n'est pas évident. Cependant, il ne faut pas se laisser déstabiliser ou prendre personnellement certaines paroles, il faut savoir passer au-dessus afin de se concentrer sur notre mission professionnelle. Mais c’est un paramètre à prendre en compte avant de travailler à l’étranger.
- Un autre message à faire passer ?
Je dirais qu’un diplôme d’ingénieur c’est un titre ce n’est pas un métier : on peut en faire ce que l’on veut.
On me dit souvent « ah, mais du coup tu vas pouvoir trouver un métier d’ingénieur où tu pars? » mais ingénieur ça ne veut rien dire.
Autour de moi, mes amis exercent tous des métiers complètement différents alors qu’on a tous le même diplôme d’ingénieur.
Un diplôme d’ingénieur ça s’utilise partout, dans tous les domaines, même si on veut créer une marque de pull ou un restaurant, on utilise les compétences qu’on a acquises lors de notre cursus ingénieur même si ça ne partait pas évident.
Globalement, c’est à nous de donner la direction et le sens que l'on souhaite à ce diplôme.
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.