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Portrait d'Anne Laure BAJEUX (ISA, 2009)
- BONJOUR, peux-tu te présenter brièvement ?
Anne-Laure Bajeux, j’ai 37 ans et je vie à NYC depuis 10 ans avec mon mari et mon enfant de 5 ans.
Je suis originaire de Herlies dans le Nord Pas de Calais, ou j’ai été élevée dans la ferme familiale et par des parents pour qui la valeur du travail était très forte.
Je travaille depuis 6 ans dans une entreprise basée à NYC qui fabrique des yahourts Icelandais qu’on appelle Skyr et qui sont riches en protéine et délicieux même avec de sucre. Je suis Senior director of Innovation and Sustainability : un poste que j’ai crée et transforme notamment en créant le departement Sustainability en 2023.
- Nous allons faire un tour dans le passé, peux-tu revenir sur ton parcours universitaire : formation, spécialité, vie associative, projets, stage ?
Après le lycée, j’avais beaucoup de passion pour l’alimentaire et l’agriculture mais sans vraiment savoir quoi faire. L’idée de tenter l’ISA est venue de ma maman qui en avait entendu parler et c’est comme ça que j’ai commencé le cursus ingénieur agro-alimentaire, environnement et agriculture.
Après la première année et le stage en exploitation agricole, je me suis dirigée davantage vers l’agroalimentaire. J’étais fascinée par la création de nouveaux produits alimentaires et j’ai choisi un stage en Recherche et développent et Qualité dans une cuisine industrielle pour mon premier stage ingénieur. C’est là que j’ai compris pour la première fois le fonctionnement des groupe agroalimentaires et notamment le poids du marketing et des fonctions commerciales dans les décisions de développement produit. Après cela, je savais que la concurrence serait forte à la sortie de l’école et j’ai construit mon parcours pour sortir du lot : stage chez Carrefour Creteil dans le rayon épicerie, Stage commerciale pour les chocolats Villars dans Paris et tout cela m’a aidé à entrer chez Danone et démarrer ma carrière en marketing.
Pendant mes années a l’ISA, j’ai créé l’association entreprenariat avec 2 autres élèves, parce qu’on avait toutes une passion pour la création d’entreprise. Je me souviens avoir modéré une table ronde aux cotes de Jean Marie … et qui regroupé des chefs d’entreprise alumni de L’ISA – beaucoup de stress mais aussi un beau souvenir !
J’ai toujours cherché à avoir les meilleures notes et la reconnaissance des autres (profs, collègues, parents…). En dernière année, pour le projet marketing de fin de programme, il fallait créer un plan marketing et innovation pour redresser un business en déclin – un projet libre forme sur plusieurs mois et sans résultat prédéfini. Quelle angoisse ! Je me souviens ne pas savoir quoi faire de cette demande, être perdue, sans moyens de recevoir la confirmation, de savoir si le projet est sur le bon chemin. Mon équipe et moi avions reçu la dernière place du groupe – quel échec! et je me souviens que le professeur avais partagé que nous en avions fait « trop » - Qu’il y avait de bonnes idées, et que si nous nous étions arrêté à ces quelques bonnes idées, le résultat aurait été totalement différent. Les leçons ne sont pas venues tout de suite, mais j’y pense encore régulièrement :
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- la confiance en soi est un ingrédient essentiel pour travailler dans l’innovation, avance dans l’inconnu et sentir lorsqu’une tendance est importante ou pas
- il faut savoir prendre du recul lorsqu’on avance dans un projet ou un sujet, pour voir la situation dans son contexte complet
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- Quel est le meilleur souvenir de tes études chez JUNIA (HEI, ISA et ISEN Lille) ?
La vie étudiante et les amitiés pour la vie qui se sont créées avec des personnes d’horizons différents. Un partage de passions et de connaissance qui continue depuis 15 ans et sans lequel je ne serais pas la même.
La rupture, ce contrat de 5 mois de travail a l’étranger, entre la 2eme et la 3eme année, a aussi été l’un des moments les plus fort du cursus. Partir a l’aventure pour découvrir qui on est lorsqu’on est en dehors de sa routine, de ses repères, et rentrer à l’école pour découvrir toute une promo de camarade qui a tant changé et gagné en maturité.
- Pendant tes études, savais-tu déjà ce que tu voulais faire et quel poste tu visais ?
Mes stages ont permis de faire avancer la question car je n’avais pas de connaissance du monde de l’agroalimentaire et des métiers possible. Comprendre « comment ca marche » m’a permis de trouver ce qui correspondait avec mon envie de créer des produits pour répondre aux besoins de chacun.
- Quel a été ton parcours depuis l’obtention de ton diplôme ?
Mon stage de fin d’année des Danone m’a mis sur des rails pour avancer dans une carrière de marketing agroalimentaire et j’ai travaillé à paris chez Bel et Mondelez, des marques mythiques comme Petit Lu, La vache qui rit, Belin et Mikado pendant 5 ans. J’ai quitté Paris pour NYC et ça m’a pris 1 an pour trouver un nouveau poste, pendant lequel j'ai appris à me « vendre » dans un marché très compétitif. Encore une fois, la confiance en moi a été une grande question et il a fallu grandir et avancer pour dépasser mon sentiment d’infériorité dans une culture que je ne comprenais pas complètement. Lorsque j’ai demarré chez Sabra, ma carrière a décollé après avoir rencontré des managers et mentors qui m’ont permis de me développer. Ça m’a permis de prendre un poste d’innovation dans ma compagnie actuelle ou j’ai ensuite progresse avec l’entreprise en développant la fonction « innovation strategy » et en créant le poste de sustainability.
- Quelles sont les missions principales dans ton métier ?
En innovation, mon équipe a la charge de collecter et étudier les tendances consommateurs, prioriser les idées d’innovation les plus intéressantes et prometteuses, et diriger les projets de développement produits en partenariat avec toutes les fonctions de l‘entreprise.
En développement durable, avec l’aide de consultant et d’un network expérimenté, j’ai créé une vision unique pour notre activité et notre marque, qui a permis de rassembler notre comité de direction et de démarrer l’investissement sur la mesure des indicateurs et les premiers projets de réduction d’impact. Nous avons un plan de 3 ans que j’espère accélérer à mesure que l’engouement et les résultats nous le permette.
- En quoi le réseau (école, association des diplômés, famille, professionnel) a-t-il joué dans le développement de ta carrière ?
La persévérance – j’ai la sensation de toujours avancer dans la vie comme la personne qu’on n’attend pas, ou dont « on n’attend pas grand-chose ». Et en réponse a ça, je me bats sans relâche pour ce en quoi je crois. On me dit souvent de « choisir mes combats » et j’y travaille mais c’est aussi un avantage.
L’authenticité – on dit souvent que le meilleur agricole est « terre à terre » et en anglais je le traduis pars « grounded ». Je pense que ma famille, ainsi que l’ISA m’ont permis de construire une base de sincérité, d’authenticité qui est ma signature dans un monde ou le sens politique est également très important.
La curiosité – être ingénieur c’est poser beaucoup de questions et essayer d’y répondre et ce côté scientifique me rend curieuse et capable de challenger le status quo sans crainte parce que j’ai confiance qu’on pourra trouver une réponse.
- En tant que femme ingénieure évoluant dans un milieu professionnel souvent considéré et stéréotype masculin, aurais-tu un conseil à donner aux étudiantes actuelles qui envisagent une carrière similaire ?
Construire sa confiance en soi pour ne pas être limité par les stéréotypes ou les limites que d’autres nous imposent. La confiance en soi c’est savoir recevoir les critiques constructives avec curiosité et les utiliser a notre avantage, pour progresser jour après jour.
Trouver d’autres femmes (et hommes aussi) qui les inspirent et les soutiennent. Créer un réseau fort, composé d’amis, de mentors, de connaissances en étant la première alliée des femmes. En tant que femme, je me surprends parfois à être d’autant plus critique envers les autres femmes, mais au fil des années j’ai appris à reconnaitre ce biais et à être une alliée forte à travers l’amitié, le coaching ou le mentorship.
- Un autre message à faire passer ?
Approcher les challenges avec beaucoup de curiosité plutôt que de la peur – Si la solution n’est pas idéale, chaque challenge peut tout de même être une chance d’apprendre quelque chose.
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