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Portrait de Charlotte PEUTIN (ISA, 1997)
- BONJOUR, peux-tu te présenter brièvement ?
Charlotte PEUTIN, je suis de JUNIA ISA, promo 30, et je vais avoir le magnifique âge de 50 ans cette année. J'ai la chance d'être maman de 3 grands enfants. Ma carrière s’est totalement orientée vers le commerce, avec un début chez Auchan qui a duré 18 ans. Ensuite, j'ai travaillé dans le secteur bancaire et de l'assurance pendant 7 ans, et je viens d'intégrer l'enseigne Chronodrive il y a 7 mois. Je me définis toujours comme une amoureuse du commerce, c'est vraiment ma découverte en sortant de l'ISA. J'avais plutôt travaillé sur des sujets liés aux produits bruts, et je suis tombée dans le retail à la fin de mes études, découvrant ainsi le côté palpitant et passionnant du commerce. Avec le temps, je me suis passionnée de la data, de la connaissance client et de l'analyse numérique fine, ainsi que tout ce qui concerne la comptabilité, la marge, et les KPI. J’ai compris que ce mix pouvait me donner le parfait équilibre entre la passion des produits et du commerce.
Le duo entre produits et commerce qui sont de par mon cursus d’école et professionnel, fait aujourd’hui que je reste une commerçante avec un cœur d’ingénieur.
- Nous allons faire un tour dans le passé, peux-tu revenir sur ton parcours universitaire : formation, spécialité, vie associative, projets, stage ?
Un point qui me marque et que j’ai envie de souligner, c’est que j’ai suivi un cursus scolaire dans public avant de rejoindre JUNIA, une école privée. C’est en rejoignant l’ISA que j’ai découvert l’esprit d’équipe, les rencontres et l’entraide. L'esprit au sein de la Catho / JUNIA et de ma promo a été très formateur et révélateur pour moi. Il a mis en lumière mon besoin d’être en groupe, l'importance d'être bien entouré avec des personnes qui partagent nos envies et nos valeurs.
Mon côté leadeur s'est manifesté déjà dans mon parcours scolaire puisque j’ai fait partie de la junior entreprise, j’ai été représentante de ma promo et j'ai également été impliquée dans le bureau des étudiants. Cela a éveillé en moi une sensibilité particulière envers les valeurs de JUNIA. Pour moi, c’est important de redonner tout ce que l’ISA a pu me donner.
C'est également pour cette raison que j’occupe aujourd’hui un rôle d’administrative au sein de JUNIA (ISA, Yncréa et JUNIA maintenant). Cette fidélité envers l'école fait partie intégrante de mes valeurs, tout comme le retour aux sources. À l'époque, j'ai suivi le cursus INOVAN, axé sur l'innovation, mais ce qui reste aujourd'hui marquant pour moi, c'est le diplôme généraliste de 5 ans, en agriculture et agroalimentaire. Ce qui est certain, c’est qu'aujourd'hui, ça reste une conviction profonde, car ce qui est proche de la nature et de l'alimentaire, c’est ma raison d'être.
- Quel est le meilleur souvenir de tes études chez JUNIA (HEI, ISA et ISEN Lille) ?
Je dirais que c’est le lien que j’ai noué avec ma meilleure amie, Céline Descamps, qui était dans ma promo. On avait une grande bande d'amies, mais il y a un lien qui s’est créé à partir de la compréhension de nos différences communes, et nous avons su nous épauler. C’est l'ISA qui nous a fait nous rencontrer, et c'est un très bon souvenir. Pour moi, l'ISA, c’est cela, c’est la rencontre humaine.
- Pendant tes études, savais-tu déjà ce que tu voulais faire et quel poste tu visais ?
Je suis une femme hyper organisée, mais par contre je ne projette rien !
Je ne savais pas du tout, du tout. Je suis tombée dans le rétail par hasard en sortant d’étude, j’ai eu un entretien grâce à une amie qui m’a partagé l’offre et je suis rentrée dedans comme ça. Je suis arrivée en poissonnerie au poste qu’on appelle manageur des ventes (on achetait et on revendait en magasin), c’est là que je me suis dit « c’est génial le commerce » !
Le seul plan carrière que je me suis mis dans ma vie récemment, c’est de faire 5 métiers à fond. J’ai été coaché, accompagné et je me suis dit : "je vais me donner un objectif, 5 métiers à fond !" Le dernier sera à mon compte, ça s’est certain, je n’aurai plus que moi à gérer, même si ça doit être boulangère à l’étranger !
- Quel a été ton parcours depuis l’obtention de ton diplôme ?
J’ai travaillé chez Auchan en tant que manageur de catégorie principalement, dans la gestion des produits, toujours dans le secteur de l’ultra frais. J’ai fait 10 ans en poissonnerie. A ce poste, on s’occupe de l’achat à la gestion des approvisionnements, à la vente avec une vision toujours internationale. J’ai acheté du saumon en Norvège, du homard au canada…
J'ai débuté avec 10 ans axés sur l'offre/achat en poissonnerie, puis j'ai consacré 4 ans exclusivement au produit, au management de catégorie et à l'animation des stands, notamment en fromagerie et traiteur. Par la suite, au cours des 4 années suivantes j’ai switché, j’ai animé une équipe de 12 personnes dans les domaines de la connaissance client et des programmes de fidélité. C'est à ce moment-là que j'ai découvert l'univers de la data pure.
Ensuite, j'ai rejoint ONEY Banque, une banque appartenant au groupe Auchan. Au début, j'ai animé le compte Auchan du côté bancaire. Après un an, je suis devenue directrice commerciale France, et au bout de quatre ans, j'ai accédé au poste de directrice commerciale internationale. Enfin, un cabinet est venu me chercher pour que j’aille travailler chez Chronodrive.
Mon envolé professionnelle a débuté il y a 7 ans, donc au-delà de mes 40 ans. Je pense que cela s’explique tout d’abord par le besoin de briser ce plafond de verre. J’ai compris que je ne m’autorisais pas à lever le petit doigt. Ce jour-là, ça a déclenché quelque chose en moi. Par la suite, je suis devenue membre de de comité de direction, j’ai pris une équipe et en constatant ma capacité d’adaptation, je suis repartie sur les bancs de l’école pour obtenir un titre en marketing digital.
Je me suis ouvert un champ des possibles, me libérant d’une peur. Je n’ai plus eu honte de dire que j’avais envie de réussir et de faire carrière. Quand on est d’accord avec soi-même, on avance.
Certains matins, je me lève et je n’arrive pas à réaliser que je suis directrice. Quand on se libère, ça change beaucoup de chose et il ne faut pas hésiter à se faire accompagner. Il ne faut pas avoir peur de dire aux autres qu’on a besoin d’aide, que l’on doute etc.
Aujourd'hui, j'intègre des entreprises avec des postes à responsabilités de plus en plus importants. C'est une volonté de ma part de me remettre en mouvement et de me challenger.
- Quelles sont les missions principales dans ton métier ?
Avec mon équipe, on définit les produits qu’on met à disposition des consommateurs, à quel prix, selon quel approvisionnement et avec quelle promotion. J’ai ces 4 piliers, et mon enjeu principal en arrivant ici est que nous sommes un supermarché où l’on achète via son téléphone portable. Avec mes équipes, nous avons la difficulté de rendre les produits visibles, de mettre en avant leurs qualités et de présenter des suggestions de consommation, de cuisine, et de préparation. Notre objectif est d'obtenir la confiance absolue du client.
De plus, nous faisons face à de nombreux défis humains. Nous sommes en post covid et en crise économique, cette réalité se fait sentir dans chaque entreprise, tant au niveau du consommateur qu’en interne. En tant que manager, cela représente pour moi un défi humain à relever. Cependant, cela m’anime, ça fait partie des défis que j’aime relever. Je pars du principe que tout être humain est bon et qu’il faut travailler avec chacun pour révéler le meilleur.
D’être chez Chronodrive aujourd’hui c’est un peu le retour à mes premiers amours, l’alimentaire. On garde ses forces du passé et on les réadapte.
- En quoi le réseau (école, association des diplômés, famille, professionnel) a-t-il joué dans le développement de ta carrière ?
En tout, les opportunités que j’ai eues et le diplôme que j’ai eu, rien que par la reconnaissance du diplôme, cela m’a aidé pour mon premier boulot. Lorsqu'un employeur voit un CV avec JUIA (si c’est un alumni) forcément, on a une note de cœur qui démarre. Le réseau des alumni et cette culture d’entraide sont des atours pour nous aider à créer des liens.
Quoi qu'il arrive, dans toutes les entreprises où j'ai travaillé, même si tout se passait bien, je consultais des cabinets de recrutement pour évaluer ma situation, voir où j’en étais dans ma carrière et déterminer mes objectifs professionnels.
Le réseau ne fonctionne pas que pour soi, cela fonctionne également pour partager son expérience, écouter des conseils et peut-être découvrir de nouvelles opportunités. Il s'entretient particulièrement lorsque tout va bien.
Un réseau est composé de gens qui entrent eux, établissent des connexions. Il faut être capable de donner un peu de son temps. Je partage simplement mon expérience et, si je peux offrir un contact ou ouvrir une porte, je le fais. Je pense qu’il faut essayer de traiter les autres comme on aimerait être traité le jour où l'on pose une question. Il faut oser poser la question, oser demander, au pire vous avez un non. Il faut faire confiance, il faut se faire confiance, mais faut surtout oser !
Quand on me sollicite, j’essaye de répondre et d’être présente. Je fais partie de ceux qui croie fortement en JUNIA et en cette pluralité des trois diplômes.
Actuellement, j’ai cette fonction d’administrateur. De plus, je parraine régulièrement des ISA et j’essaye d’aider des jeunes qui veulent faire des études. Enfin, je participe depuis des années aux rendez-vous pour les admissions post bac.
- En tant que femme ingénieure évoluant dans un milieu professionnel souvent considéré et stéréotype masculin, aurais-tu un conseil à donner aux étudiantes actuelles qui envisagent une carrière similaire ?
J'ai eu la chance d'être élevée par des parents très féministes, ce qui m'a permis de ne jamais me sentir bridée. J'ai grandi dans un environnement où l'autonomie était valorisée. Mon papa qui était ingénieur nous disait « L’avantage avec ingénieur c’est que tu peux tout faire. ». C’est pourquoi, ma sœur et moi sommes toutes les deux parties chez JUNIA.
Déjà pendant mes études, j'étais du genre à défendre l'idée qu'une femme pouvait également avoir le lead. Personnellement, je n'ai jamais ressenti de déséquilibre, mais je l'observais autour de moi. Cependant, c'est faisable, à condition d'oser ! Il faut oser.
Dans ma carrière professionnelle, j'ai rapidement intégré un réseau de femmes, car à chaque étape, je trouve qu’il est essentiel de s'entraider, et il n'y a pas tant de modèles féminins que ça. Nous devons continuer à les créer, mesdames.
Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas de modèles masculins. Pour moi, être féministe, c'est que les hommes et les femmes soient unis, tous ensemble. Donc, oui, c'est possible.
J’ai un patron qui m’a dit un jour : « ce qui est compliqué ce n’est pas d’être une femme dirigeante, c’est d’être un couple de dirigeant ».
Il ne faut pas mentir, ce n’est absolument pas impossible, mais ça demande une organisation familiale de couple. Pour moi, il faut continuer. L'égalité n'est pas encore atteinte, et nous devons continuer à briser les plafonds de verre. Il faut continuer de travailler avec les hommes, car c'est tous ensemble que la diversité fera la force.
Être mère, être femme, être soi, et occuper des postes de direction, c'est totalement faisable, mais cela demande, comme pour tout métier, de l'organisation. C'est une question d'équilibre, de discussion. Je continue à le prôner, car pour moi, l'autonomie est importante, quelle qu'elle soit, pour de nombreuses raisons. C'est ce que l'on apprend en tant qu'ingénieur : travailler tous ensemble tout en conservant une autonomie de réflexion.
- Un autre message à faire passer ?
Il faut oser mesdames, il faut plus de modèles féminins ! Vous avez les mêmes capacités que ce soit dans les études et dans les boulots, vous vous poserez les mêmes questions qu’un homme, ne vous inquiétez pas.
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